Kiltin’ Brewpub : musique celtique et brassage à l’écossaise

Il existe à Grenoble un vrai petit bout d’Écosse : le Kiltin’ Brewpub. Ouvert il y a près d’un an par quelques passionnés, ce pub accueille les amateurs de whisky, de tartan et de cornemuse à bras ouverts. Après des débuts modestes, il ambitionne aujourd’hui de devenir un haut-lieu de la musique celtique dans la capitale des Alpes. 

Qui pourrait croire que la petite galerie commerciale de la rue de la Poste à Grenoble pourrait mener jusqu’au Highlands écossais ? Pousser la porte du Kiltin’, c’est un peu comme passer à travers l’armoire magique qui mène à Narnia. Sauf que dans le cas présent, l’armoire se trouve entre un coiffeur pas cher et une boutique de fringues moches. De plus, il n’y a ni lion, ni sorcière derrière la porte. Pour autant, l’endroit ne manque pas de légendes.

Au rythme de l’Écosse

Sur les murs rouges, une multitude d’objets rappelle les grandes heures de la patrie de William Wallace. Chacun a son histoire, y compris le mobilier. « Nous avons tout fait venir du Royaume-Uni. Les chaises, les tables, les kilts, les tireuses à bière, tout », explique le patron Philip Taylor. C’est de sa tête qu’est sortie l’idée d’ouvrir cet établissement au style si particulier, qu’il fait tourner avec son fils William et son amie Françoise. « 

Si j’ai voulu faire un pub écossais c’est pour apporter tous les éléments de la culture écossaise. Ce n’est pas juste un sticker sur une vitre.  Il y a la musique bien évidemment et il y a tous les symboles. Comme les kilts, qui sont suspendus au-dessus du bar. » Les clients n’ont d’ailleurs qu’à demander pour que le kilt de leur choix leur soit prêté le temps d’une soirée, histoire de se mettre dans l’ambiance.

Ces symboles, c’est le gage d’authenticité du Kiltin’. C’est ce qui différencie ce véritable brewpub d’un rade quelconque que l’on aurait couvert de rouge et tartan pour lui donner du cachet. « Nous sommes le pub officiel du clan MacKinnon, l’un des plus anciens clans de l’île de Skye », affirme fièrement Philip. En témoigne la tête de sanglier qui tient en sa gueule un fémur de cerf, symbole du clan. Elle surplombe l’endroit, comme pour le surveiller.

Sur le même mur, trônant fièrement au-dessus des sacs de malt, il y a le seul objet que le patron refusera de décrocher pour vous le montrer. Protégé par une vitre et encadré de deux lampes, un véritable kilt de la Black Watch. Le régiment de militaires écossais ayant aligné le plus de bataillons lors de la première guerre mondiale. On ne peut pas faire plus vrai.

La musique : celtique et éclectique

Comme une évidence, le Kiltin’ met régulièrement à l’honneur le bel instrument qu’est la cornemuse. On en trouve sur les murs et de temps en temps dans les mains du sonneur officiel du bar. En habit traditionnel, il vient faire résonner les tuyaux lors des bonnes soirées pour le bonheur des amateurs et des voisins. En son absence, Philip donne volontiers du souffle, pour peu qu’un habitué lui demande gentiment. « J’ai commencé la cornemuse il y a douze ou treize ans. C’est plus une question de dextérité que de souffle. Avec la bonne technique c’est facile d’en jouer. » 

 

« On veut que ça soit un espace de liberté. Si il y a un musicien qui vient, à n’importe quelle heure, on coupe la musique pour qu’il puisse jouer »

C’est un fait, le patron du Kiltin’ est un mélomane. Il n’aurait pu imaginer ouvrir son pub sans une place de choix pour la musique. Discrète mais présente en sortie de quelques hauts-parleurs, la playlist du bar ne demande qu’à être interrompue. « On veut que ça soit un espace de liberté. Si il y a un musicien qui vient, à n’importe quelle heure, on coupe la musique pour qu’il puisse jouer. »

Tous les jeudis soir, un collectif de musiciens vient entonner des airs de musique celtique. Un style qui correspond bien à l’identité du Kiltin’. Mais Philip ne veut pas se limiter à une seule casquette. « Il y a de la musique celtique mais aussi du blues, du rock, bientôt du jazz et plein de choses différentes. » On y a par exemple vu passer Feel Fox, un guitariste/chanteur de bluegrass qui fait la tournée des bars de la capitale des Alpes, ainsi que les bluesmen de Sugar Cane. L’objectif : que le bar soit le plus vivant possible. « Chez les celtes, quelque chose qui est immobile c’est quelque chose qui est mort », nous rappelle Philip.

Une bière bien singulière

Impossible de parler d’un pub sans évoquer sa bière. Pintes et musique ont toujours fait bon ménage et ce ne sont pas les habitués du Kiltin’ qui diront le contraire. S’ils viennent ici, c’est pour goûter un pur produit de l’Angleterre : les cask ales. Des bières brassées sur place, pompées à la main, sans ajout de gaz et servies à une température de 8 ou 9°C. « On est les seuls à faire ça en France », affirme Philip Taylor, « il a fallu importer un matériel très particulier. »

Les amateurs de lagers et les palets peu habitués seront surpris par l’amertume du breuvage. Autant dire que si vous êtes allergique aux IPA (India Pale Ale), vous courez à votre perte. C’est vrai qu’à priori, une bière tiède, amère et sans mousse ça ne fait pas rêver. Et pourtant, les connaisseurs sauront reconnaître les arômes des houblons qui donnent à ces cask ales un véritable goût de reviens-y. Les trublions de Bière magazine ne s’y sont d’ailleurs pas trompé, puisqu’ils l’ont encensée dans leur n°100, que le patron se fera un plaisir de vous laisser feuilleter. Mais le mieux pour se faire un avis, c’est encore d’y goûter, d’autant plus que si vous portez un kilt, c’est happy hour toute la nuit. Avec ou sans sous-vêtements, c’est vous quoi voyez…