Pour le tableau, vous n’avez qu’à imaginer une petite femme blonde fabriquant soigneusement son instrument (un violon), le visage baigné d’une lumière douce, en proie à ses souvenirs et ses tourments, comme drapée dans le voile d’une fausse innocence… prêt à être déchiré à tout instant. C’est bon, vous visionnez ? On vous présente Anita Dongilli, une artiste grenobloise prête à vous envelopper avec sa pop onirique et ses songes étranges dans son univers freak et tout en clair/obscur. La sortie de son EP « Les Secrets », le 5 mai dernier, est venu définir plus clairement que jamais les contours de son œuvre, subtil et intimiste, aussi travaillé au corps qu’un violon peut l’être par les mains… de sa luthière.
L’Art de toucher la corde sensible
Si Anita s’est d’abord passionnée par la maîtrise et la sculpture du violon depuis son plus jeune âge, c’est aujourd’hui à ses émotions qu’elle tente de donner corps à travers la musique. Après tant d’années à créer des instruments sur lesquels d’autres artistes s’expriment, Anita a donc décidé de passer définitivement de l’autre côté du miroir, et d’écrire ses propres textes depuis quelques années déjà. Aujourd’hui pleinement consacrée à sa jeune carrière de chanteuse, et entourée des ses deux musiciens Jimmy Ambregni et Ilyès Cheballah, l’artiste veille plus que jamais à façonner ses émotions en chansons.
Après quelques singles (« In Fine », « Océan »…) qui avaient déjà fait sensation depuis 2021, l’artiste a accouché cette année d’un premier EP (d)étonnant, « Les Secrets », proposant une explosion de mélodies tout en finesse. Lumineuse, douce et éthérée, la musique d’Anita est également empreinte de trésors sombres et tragiques, utilisant un son électronique méticuleusement travaillé pour servir une voix fragile, aérienne et plein de mélancolie entre les mots. Abordant des thématiques intimistes et inquiétantes telles que l’innocence (ou plutôt sa disparition), la métamorphose, les regrets ou la désillusion, Anita sait toucher notre corde sensible, de morceaux en morceaux – tous éblouissants et mystérieux les uns que les autres.
De prime abord « légère », la musique d’Anita Dongilli se révèle donc rapidement au fil des écoutes d’une profondeur peu commune, d’une composition ciselée, d’une plume sincère et d’une subtilité enivrante. L’occasion d’utiliser le mot « variété » sans rougir, et de redorer le blason du terme en question.
Un avenir romanesque pour Anita Dongilli ?
Bien évidemment, ce talent n’est bien pas longtemps resté inaperçu dans le coin : l’artiste a rapidement été repérée par plusieurs dispositifs d’accompagnement locaux, et a à ce jour déjà reçu l’aide de l’Adami, du CNM et de la Sacem (avec le soutien du Comptoir des Arts), de l’association Retour de Scène, ainsi que des salles de concert grenobloises La Belle Électrique et Le Ciel pour la professionnalisation de son projet.
Très récemment, l’artiste a également été sélectionnée pour faire parti du dispositif « Basse Fréquence » de la Belle Électrique (dont l’objectif est d’accompagner les talents émergents dans leur évolution notamment via un accès facilité à des équipements professionnels, ainsi que d’une aide en communication) aux côtés, entre autres, de Efrasis, Kenz, Opus Crew, ou encore Resto Basket (voir tous les groupes accompagnés). En dehors de ces accompagnements et de ces coups de pouce réjouissants pour Anita, il va sans dire que la sortie de clips de plus en plus professionnels, travaillant une esthétique toujours plus poussée -tel que pour le titre Alexia– traduit aussi une belle évolution de l’identité de l’artiste, toujours plus poétique, lunaire, et symbolique.
« Prometteur » nous semble donc un bien faible mot. Ce que l’on peut donc souhaiter à Anita Dongilli, au-delà du fait de persévérer à dessiner sa belle route, c’est de continuer à nous bercer avec ses doutes, ses caresses et ses morsures, pour nous emmener avec elle, tels des funambules, sur le fil si fragile de ses états d’âme… faisant tant écho aux nôtres.