Ce jeudi 1er octobre 2020 est organisé le premier concert de la 19ᵉ édition de la Cuvée Grenobloise. Ce dispositif, dont on vous parle chaque année, mis en place par l’association Retour de Scène, sélectionne des artistes de la scène locale pour les accompagner dans des démarches de promotions et de développement de leurs projets musicaux. La publication d’une compilation fait ainsi partie de ce cadre, tout comme l’organisation d’un concert avec 4 groupes du dispositif, à la belle électrique. Les restrictions sanitaires strictes de cette rentrée culturelle ont imposé la répartition du programme initial sur deux soirées. Le premier soir, ce jeudi, voit Aamiral et G-Lab se partager l’affiche : ambiance électro-pop et groove donc au programme.
En ce qui me concerne, c’était enfin le retour dans la salle de la Belle Électrique depuis que la réalité a rattrapé la fiction. Une sensation bizarre me parcourt au moment de pénétrer dans l’écrin musical de la capitale des Alpes. Entre retrouvailles émouvantes et crainte des directives sanitaires nécessaires au bon déroulement du concert, je ne sais pas exactement comment la soirée sera vécue. Et ce sentiment ne me quittera quasiment pas de la soirée.
Aamiral, une prise de commandement assise mais envolée
Arrivés sur scène face à une flopée de chaises, Anaïs et Thibault ont la lourde tâche d’ambiancer l’espace sans l’aide du public, ce dernier étant obligé de rester assis tout au long de la soirée. Le duo électro-pop propose un son propre et travaillé. La chanteuse navigue entre son clavier et des chants aux sonorités lointaines, tandis qu’aux machines, le son varie efficacement avec des rythmes doux suivis de vibrations plus marquées.
La complicité entre les deux musiciens est visible et le plaisir qu’ils ont à partager leur musique avec le public est palpable. Trente minutes de live, c’est court, mais malgré un univers particulièrement éloigné de ce que j’écoute habituellement je surprends mon corps se laisser aller à quelques mouvements au gré des battements de plus en plus présents. Après un rapide coup d’œil au fond de la salle, je remarque quelques personnes bravant l’interdit pour se déhancher jusqu’à la fin du set. Aamiral s’est lancé dans un contexte compliqué, mais le duo a le mérite d’avoir réussi à réchauffer la Belle.
G-Lab, ou le laboratoire qui nous fournit un vaccin groovy
Les six musiciens du Groove Laboratory se mettent en place sur la scène. Les quelques regards échangés nous donnent un indice. Ce qui va suivre sera entraînant et bouillonnant. Sans surprise, le départ lancé par l’arrivée du chanteur, qui prend immédiatement possession de la scène, nous envoie dans un déroulé de chaleurs et de couleurs. Allant de la funk, traversant le hip-hop, puisant dans le jazz, se promenant jusqu’à la soul…
La connexion avec le public est immédiate, et l’énergie débordante nous transporte dans un ailleurs. Les quelques rebelles qui souhaitaient retrouver un espace dansant se multiplient pour se retrouver à l’avant de la scène. Un semblant de fosse festive sort de terre et ça fait du bien !
Le concert laisse la part belle aux classiques solos, propres à ces univers. Des démonstrations techniques, cuivre, guitare, basse, batterie, clavier, il y en a pour tout le monde. Le tout est accompagné d’encouragements et de sourires du début à la fin.
G-Lab nous fait oublier, le temps d’un set, la période particulièrement morne que nous traversons et veut nous rappeler que tout n’est pas terminé, au point de tenter de pousser la soirée un peu plus loin… mais hélas, directives obligent, ce n’est pas possible…
22h : la soirée se termine, à peine le feu allumé qu’il est déjà nécessaire de remballer. Les artistes ont rempli leur part du contrat en partageant avec le public ce plaisir de retrouver la scène. Mais tout était trop court. Tout était trop sage. Le sentiment d’inquiétude du début de soirée à peine estompé, me voilà pris d’une légère amertume. Je n’ai qu’une hâte : pouvoir revenir à l’après pour profiter comme il se doit de ce que les artistes souhaitent nous offrir. On peut se rassurer en gardant en tête que la cuvée 2020 se déguste aussi en galette.