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Le duo dream-pop Azajilly dévoilait mi-mai le clip de leur single « A l’ombre des grands frênes ». Dans ce songe romantique et éthéré, féminin sacré et ‘présentaité’ sont célébrés. Poésie et mélancolie, visuelles comme musicales se fondent pour inviter au lâcher prise. Rencontre avec Jil, l’envoûtante chanteuse de ce duo en quête d’éveil.

 

Quelle était l’intention du clip « A l’ombre des grands frênes » ?

[Jil] La chanson « A l’ombre des grands frênes » vacille entre douceur et mélancolie, repassant en boucle un instant de grâce dans la nature ; un moment de vie et d’amour dont le souvenir est encore vif. Le clip nous invite dans ce souvenir si beau qu’il en devient douloureux de par son intensité et finalement sa disparition.

Ce moment n’est plus et il faut dorénavant vivre avec son absence. La rivière est ce passage vers le monde de l’esprit. Ici, les souvenirs. En prenant la barque, on retourne à l’ombre des grands frênes revivre cette scène obsessionnelle pour tenter de s’en libérer.

C’est aussi une ode au féminin et sa sensualité. Le clip vient glorifier ce féminin, mettant à l’honneur ce qui est parfois reproché, ou que l’on essaye de cacher, mais qui est en fait sa force : cette sensibilité parfois exacerbée, une intuitivité plus développée, la capacité à l’introspection et la douceur maternelle.

 

azajilly - groupe grenoble

© Droits réservés

On pense à tort que le féminisme veut voir femmes et hommes égaux dans le comportement, or c’est justement cette différence qui fait la richesse de chacun. Des façons différentes d’appréhender le monde qui ont beaucoup à s’apporter. Cette douceur mélancolique autour du féminin se retrouve dans certaines références cinématographiques aux portraits rêveurs et innocents : Virgin Suicides, Mustang, M. Nobody

 

Quels sont les éléments symboliques ?

J’ai parlé de la barque, de la rivière comme un passage. On emprunte aussi au mouvement du romantisme l’adoration de la nature et la sublimation du réel. Cette symbolique est matérialisée par des actions simples (manger une grenade, voguer sur l’eau, observer le ciel, courir dans les hautes herbes..) qui deviennent un moment poétique pur, des instants de beauté simples qui sont en fait immenses.

 

azajilly - groupe grenoble

© Droits réservés

L’idée derrière tout ça, c’est de se rappeler de prêter attention à tout ce qui nous entoure et à tout ce que captent nos sens. Car tout est pure magie. C’est une autre façon de se nourrir. [Faire] attention à ces éléments donne beaucoup d’énergie.
Il y aussi le frêne, il représente le lien entre la terre et le ciel. C’est l’arbre de la renaissance chez les celtes. Car bien qu’on aime infiniment explorer la mélancolie dans notre univers, y trouver une porte de sortie est très important car la finalité de tout ça est bien l’éveil à soi et au monde. C’est en cela que le cygne a une place importante puisqu’il représente pour nous cet ailleurs que nous recherchons à travers l’art. Le cygne devient un guide, l’animal totem de ce cheminement.

 

Quel est le fil rouge dans la sortie des clips de Azajilly ? (« Les oiseaux de mars », « A l’ombre des grands frênes » puis « L’île d’or »)

Toutes nos chansons prennent place à un moment différent de l’histoire que conte notre futur EP, comme des chapitres d’un roman. Il y a un fil conducteur, une sorte de quête du sublime et on est très excités de commencer à dévoiler tout cela. Faire de la musique a un sens, c’est une quête personnelle et ça se traduit dans l’imaginaire du projet, autour de notre île aux oiseaux.

L’île est au cœur du projet, notre refuge de création artistique au bord du Rhône, perdu entre deux extrêmes : d’un côté l’enfer avec les usines fumantes, l’autoroute, les centres commerciaux et de l’autre notre paradis avec l’eau, la nature, les oiseaux…

 

azajilly - groupe grenoble

© Droits réservés

Le clip « [des] oiseaux de mars » était un peu comme une planche de recherches sur ce monde. Il s’est fait avec beaucoup d’images libres de droit bidouillées au montage dans tous les sens, à part pour le garçon rêveur qui est mon frère. En revanche « A l’ombre des grands frênes », c’est une fabrication maison, on l’a tourné sur l’Ile de la Platière, une île protégée où vivent de nombreux oiseaux et des cygnes bien sûr.

 

« Faire de la musique a un sens, c’est une quête personnelle et ça se traduit dans l’imaginaire du projet, autour de notre île aux oiseaux. »

 

On y retrouve les roseaux, repris également dans le clip de « L’île d’or« , un autre symbole important entre force et fragilité. On connaît tous l’adage du roseau qui se plie mais ne se rompt pas… Ce roseau, on l’utilise comme un sceptre, parce que la fragilité, la vulnérabilité, c’est une vraie force. Et le pouvoir de ce sceptre-là serait de créer une connexion au monde de l’invisible !

Pour découvrir Azajilly en live, rendez-vous le 21 juin Place Saint-Jean à Lyon pour la Fête de la musique et le 22 juin à Grenoble pour un showcase à la Bibliothèque Internationale. Foncez, la douceur n’attend pas.

 

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