Présent dans le milieu de la trance depuis quelques années déjà, Curious Detail sort ce vendredi son second album : Nau. Loin de naviguer en eaux troubles, l’artiste nous embarque dans un voyage « sombre, merveilleux et minimaliste » abouti, allégorique de son évolution. Découverte…
Musicien précoce, Clément Douillet aka Curious Detail commence à prendre ses premiers cours de musique à trois ans. Flûte à bec, clarinette, clarinette basse, il touche à « différents domaines » musicaux avant de se tourner vers la trance à l’adolescence. « J’ai commencé à quatorze quinze ans à utiliser des logiciels de son pour m’amuser » avoue l’intéressé. Assez rapidement, il se met à produire « des essais de trance », par appétence pour ce genre musical.
Il participe à un atelier organisé par Hadra et rencontre à cette occasion un membre de feu Wazacrew qui le remarque avant d’intégrer l’association. Les étapes s’enchaînent, Wazacrew monte un label grâce auquel il sort son premier EP en 2013 : Origan. Un an plus tard, il rejoint Hadra dont il fait toujours partie et avec qui il sort son premier album The Big Bug en 2015 et son second EP Artifice en 2016.
Une trance hypnotique et innovante
Sûrement, Curious Detail développe son projet combinant le « plaisir de faire de la musique » avec un travail de synthèse sonore et une dimension de « relation et de diffusion » auprès du public, « les deux [marchant] ensemble » d’après lui. Curieux de nature, l’artiste est en éveil dans sa création artistique et utilise « beaucoup de sons naturels » : samples de baleine, porte qui claque, train, entre autres, qu’il retravaille pour les adapter à sa musique.
A force de « bidouillage sonore », l’artiste mature ses créations sonores et parvient rapidement à imposer sa trance singulière à l’instar d’artistes tels que Ivort ou Itchy & Scratchy qu’il cite comme références, dans un milieu peu ou prou en naufrage, subissant les alizés de sonorités unigenrées et aseptisées. Loin de chavirer, Curious Detail garde son cap même si son projet a évolué au fil des années : « Mes goûts musicaux ont un peu évolué et pourtant j’ai gardé le même style musical ».
« Il y a deux ans en gros j’ai commencé à faire des sons plutôt orientés musique de film où il n’y a pas besoin des codes qu’il y a dans la trance c’est-à-dire les rythmiques hyper répétitives. Maintenant je retrouverais plus ma patte musicale dans des sonorités comme ça et dans des ambiances comme ça. Et en même temps, c’est toujours hyper intéressant de les adapter aussi à la trance. »
Nau, un album symbolique
A la manière de Rodin, Curious Detail s’est délesté du superflu pour ne garder que l’essence admettant avoir « retravaillé pas mal de passages, enlevé des éléments » pour délivrer un album « sombre, merveilleux et minimaliste », « moins chargé en sons » qui « sonne mieux ». « J’ai énormément amélioré ma technique sur cet album » avoue-t-il.
« J’ai trouvé plus de sens et de direction à donner dans cet album […] il y a certaines tracks où je me rapproche plus de tout ce qui se fait en techno même si c’est pas vraiment le cas parce que ça reste beaucoup plus violent peut-être, c’est plus rapide déjà, mais au niveau minimal et du peu d’éléments utilisés ».
« Une dimension de voyage et de changement d’état »
Pour ce qui est du thème de l’album et de son visuel, ils sont le fruit d’une réflexion de l’artiste. « Nau est un vieux mot français dérivé du latin navis (bateau, navire) utilisé pour décrire un bateau de même qu’un cercueil » peut-on lire sur sa page facebook. La thématique de la mort, métaphore d’un « passage dans un autre univers et aussi comme un passage, une évolution personnelle ». Une « dimension de voyage et de changement d’état » que l’intéressé vit également à travers un « passage un peu plus à l’âge adulte » qu’il « immortalise avec cet album. »
En témoigne sa track préférée, « Where The Sea Meets The Sky », dernière de l’album et qui lui « apporte vachement de fraîcheur ». En plein processus créatif, Curious Detail réalise que son album fait écho à une autre œuvre : « J’étais très proche voir quasiment dans les mêmes eaux que le film Dead man et qui reprend globalement le même sujet. »
Un homme mort vit « des péripéties en étant dans une espèce d’univers parallèle » et constate les dégâts de l’humanité avant de s’en affranchir en accomplissant son rite de passage. « Il meurt physiquement ce personnage-là et s’en va dans la mer et c’est une des phrases que l’indien qui l’accompagne qui s’appelle Nobody lui dit, qu’il va l’emmener dans l’endroit où son esprit pourra être libéré et où la mer rencontre le ciel ». A tous les curieux et toutes les curieuses, largage des amarres le 12 octobre…
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