Jeudi 7 novembre, Last Train débarquait sur les planches de la Belle Électrique et ramenait avec eux en première partie We Hate You Please Die, Quintana (Dead Blue Experience) était là, en deuxième première partie, pour ajouter une nouvelle couleur rock à ce joli panel, mais aussi, représenter la scène locale dans toute sa fureur. Retour sur l’événement…

 

We Hate You Please Die : we love you please stay

Leur concert ravageur à Rock en Seine cette année n’annonçait pas autre chose à la Belle Électrique qu’un bal de quatre normands juste enflammé ce soir-là. Invité par la tête d’affiche Last Train, les rouennais ont donc ouvert les hostilités en présentant les titres de leur premier album « Kids Are Lo-Fi« , au croisement du punk, de la pop, du garage et de la surf rock. Une véritable rage déferlante à laquelle la salle n’était visiblement pas prête, mais qui a accueillie l’idée plutôt gaiement face à l’énergie sans pareille du groupe.

 
belle electrique grenoble - we hate you please die
 

Raphaël Balzary, Chloé Barabé, Joseph Levasseur et Mathilde Rivet n’ont donc vraiment pas fait dans la dentelle en nous présentant avec une puissance sans détour leurs morceaux, tous habités par une colère sans nom durant tout le set. On était ici totalement dans l’incarnation du rock comme défouloir. Mais d’où vient cette fureur, ce besoin de lâcher-prise absolu ? « On n’appelle totalement pas à la revanche des freaks, mais un peu quand même », qu’ils disaient dans une interview de la Vague Parallèle.

 
belle electrique grenoble - we hate you please die
 

Une belle revanche s’est déroulée sous nos yeux. Classes, atypiques, les normands ont étalé avec brio leur point de vue plutôt tranché sur notre société avec le genre d’interprétation dont on se souvient. Ce quelque chose de ravageur, un peu angoissant parfois, a embarqué le public dans la transe bouillonnante du chanteur, dont la présence s’est nettement découpée sur la scène, en contraste des présences plus discrètes des trois autres musiciens, en proie à une grande concentration.

 
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Bouillonnant, tremblant, dans un lâcher-prise brûlant, tant sur scène quand dans la fosse où il vient se cogner littéralement au public, il a donné une leçon aux grenoblois telle une véritable fessée : faut-il attendre de n’avoir plus rien à perdre pour faire tomber toutes les barrières ?

 

Quintana : seul avec une guitare, c’est encore mieux

Avec Quintana, on sort de la dynamique du groupe du rock. Le chanteur/guitariste,représentant notre scène locale ce soir, fait tout tout seul et concentre en lui-même toutes les forces que pourraient déployer une bande de quatre ou cinq personnes. Il s’agit ici d’une machine bien huilée, qui connaît le job qu’elle a à fournir. Avec son éternel blouson en cuir, son jean et ses converses, Quintana a juste donc eu besoin de brancher l’ampli et de déballer son show avec sa vieille GrooveBox Roland MC909 pour que l’ambiance s’emballe.

 
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On est peut-être face à l’un des artistes grenoblois qui tournent le plus, tenant derrière lui (et devant lui aussi certainement) un nombre de dates absolument énorme. Inutile de dire donc combien le set était maîtrisé, efficace, connu sur le bout des doigts, faisant remuer un public désormais plus nombreux et échauffé. Quintana n’avait plus qu’à attendre les bons moments pour interagir avec lui et passer les barrières pour le rejoindre et exposer des solos absolument furieux et assumés. Le son est parfait, entraînant, et la présence sur scène est simplement indéniable. Fire

 
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Cependant, si certains ont été conquis par les grandes envolées lyriques au milieu de la foule, les balades rythmées assis sur la barrière du crash photo, et ses roulades au sol avec sa guitare, d’autres ont cru y voir une démonstration un peu vue et revue d’un show rock un peu too-much. Assez émotionnel, sincère, l’artiste incarne peut-être une version du rock assez « cliché », dans la lignée de ceux qui peuvent être tentés d’en faire trop pour tenter de prouver à quel point ils sont « habités » par leur musique. Est-ce que cela ajoute ou n’enlève au charme de la bête ? Le débat est ouvert.

 

Last Train : l’explosion, tout simplement

Avec leurs blousons de cuir, leurs photos en noir et blanc sur les réseaux et leurs riffs de guitares distordus, le groupe Last Train renvoie lui aussi une certaine idée du rock que certains voient pavée de clichés. Mais qu’en est-il vraiment ?

 
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Le groupe, en pleine ascension, lève avec lui un bouclier d’espoir fait des éternels « Le rock n’est pas mort », « Voici les nouveaux fers de lance de la scène rock française », « hein hein, bonjour la relève t’as vu ». La bande des quatre alsaciens de Last Train impressionnent, par leur musique bien sûr, mais par leur âge (25 ans) et leur conviction. Pour preuve, depuis cinq ans, ils produisent et font tourner une quinzaine de groupes, français mais aussi étrangers grâce à leur label et agence de booking Cold Fame. Ils ont même monté leur propre festival rock à Lyon, la « Messe de minuit ». Leur envie de s’imposer dans le paysage périlleux du rock français est indéniable.

 
last train - belle electrique grenoble
 

Que peut-on attendre d’eux après avoir fait les premières parties de Muse ou de Placebo ? D’aller encore plus loin évidemment. En pleine tournée de leur deuxième album – seulement – « The Big Picture« , le quator a décidé de poser son matériel à la Belle Électrique et de nous embarquer dans son univers pour que l’on juge par nous-mêmes. Et du coup ? Et bien … Franchement pas mal. En alternant des titres très orchestraux, de longs solos, faits de mélodies vraiment riches, et des morceaux d’une énergie folle, l’équilibre subtile entre douceur et frénésie a été trouvé.

 
last train - belle electrique grenoble
 

La voix un peu nasillarde du chanteur n’enlève rien au charme de leur musique, au contraire. Si l’ensemble inspire une sorte de sauvagerie maîtrisée, il est certain que le groupe a très bien su digéré ses multiples influences et sait très bien jouer avec les codes qui ont construit leur identité musicale. Cela fonctionne, et le public écarquillent à chaque fois un peu plus les yeux au gré des riffs efficaces – et parfois impressionnants – du groupe. Le long voyage s’est achevé sur une performance vocale intéressante sur le titre éponyme de l’album, et une série de câlins-tout-mignons des membres du groupe qui semblaient sincèrement émus en quittant la scène. Une belle note finale …

 

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