Dans cette tourmente sans fin pour la Culture, qui semble s’éterniser toujours plus, il y a la Bobine. La Bobine prise dans le vortex des adaptations sans fin, des questions sans réponse, d’un manque de visibilité non plus uniquement frustrant, mais dangereux pour ses lendemains. Un vortex arrivé sans prévenir : comme ils le résument si bien, « On a été stoppé net ». Et nous avec. Nous sommes allé prendre la température d’une des salles préférées des grenoblois.es, qui manquent à tous.tes, pour porter leur voix auprès de vous. Immersion…
 

Si vous devez résumer en quelques mots votre année 2020 et les différentes solutions envisagées ?

L’année 2020 commençait tellement bien… des concerts méga-complets celui de Dakha Brakha ou la soirée avec nos copains du label Heavenly Sweetness. Et aussi celles qui arrivaient : une soirée dédiée à la jeune création électronique française avec Calling Marian, Sierra et Rescue. Le rap espagnol et engagé de Tribade avec le festival Les Femmes s’en Mêlent et aussi un coup de projecteur sur un label suisse que nous adorons : Bongo Joe. (voir la playlist ci-dessous)

Avec la validation d’un nouveau projet sur 3 ans voté par les bénévoles en 2019, c’était aussi la mise en place de nouveautés : travailler sur un fil rouge, où nous avons proposé un grand cycle de conférences, débats, rencontres sur la question de l’égalité de genre(s).

Dans les grands changements pour le public, c’était aussi améliorer l’accueil, travailler la saisonnalité du lieu (formules et horaires différents entre l’hiver et l’été), mais surtout repenser la programmation estivale puisqu’on devait vous proposer une saison arts de la rue assez dingue.

Au final, on a été stoppé net.

Même avec une réouverture pendant l’été et un partenariat avec la Ville de Grenoble sur la programmation dans le cadre de l’été oh parc, nous n’avons pas réussi à remonter la pente, on se voyait plonger dans le rouge et commencions à travailler sur le dépôt de bilan. Le lieu fonctionne grâce à l’autofinancement (nous ne touchons que très peu de subventions).

Nous avons essayé de maintenir coûte que coûte une proposition culturelle pour les Grenoblois, sans cesse adapter nos protocoles sanitaires, et faire vivre le lieu le plus longtemps possible mais nous avons dû fermer nos portes le 29 octobre avant même le reconfinement.

Finalement, nous avons envoyé des S.O.S à l’ensemble de la planète et nous avons reçu des aides du Centre National de la Musique, de la Ville de Grenoble, du Département de l’Isère, de la Métropole… nous avons pu passer le cap de cette année de l’horreur. Mais pour autant la question de la survie du projet va forcément se reposer à la fin du 1er trimestre 2021 selon les perspectives d’ouverture…

 

la bobine grenoble

© Erwan Cognard

Qu’est-ce qui est le plus difficile dans ce contexte pour votre salle et ses enjeux ? Quelles sont vos perspectives à court et moyen terme pour ce début 2021 ?

Aujourd’hui, nous ne pouvons toujours pas rouvrir, nous sommes face à un grand sentiment d’impuissance et d’injustice. Nous n’avons même plus de visibilité de la part du ministère de la Culture, qui n’annonce aucune échéance. Une programmation ne se monte pas en 2 jours chrono.

Pour autant, nous n’avons pas abandonné les autres axes de notre projet qui sont l’accompagnement des artistes, l’action culturelle et notre vie associative. On continue à accueillir des artistes et des compagnies dans le cadre de résidences, de répétitions ou dans le studio d’enregistrement. Eux aussi ont besoin de continuer à travailler et à créer. On voit bien à quel point cette crise impacte la création artistique.

On continue aussi notre action culturelle, principalement à l’occasion d’ateliers de pratique artistique qui permettent aux scolaires, notamment du secteur 5, de bénéficier d’une première mise en contact avec cet univers. On reste ouvert à tout type de sollicitations de la part des acteurs du territoire comme les structures socio-culturelles, tout en respectant les protocoles sanitaires.

Enfin, nous continuons coute que coute à maintenir la vie associative, en travaillant par exemple sur la gouvernance, en ce moment nous questionnons la notion de pouvoir, qui décide et comment ? Et nous allons tester un modèle sociocratique. On met aussi en place des formations pour autour de l’analyse théâtrale et de la connaissance des milieux des musiques actuelles pour les bénévoles.

Nous refusons de baisser les bras ! Alors même si nous avons dû annuler la programmation de février et mars, nous travaillons dès à présent sur une réouverture en avril. Elle sera adaptée dans un premier temps car on sait bien que le protocole sera encore très strict, on partira sur des formes plus légères, des projections de documentaires, des conférences, mais aussi un retour de concerts et de spectacles.

Et puis nous commençons à travailler sur un temps fort en extérieur dans le parc en juin. Il sera à l’image de la Bobine, en partie à prix libre, avec des groupes coup de cœur, mais aussi une scène slam, des spectacles arts de la rue ou du jeune public. Aujourd’hui plus que jamais nous pensons que la culture est essentielle, source d’émancipation, d’expression et de rencontres, nécessaire à la vie de chaque citoyen.

 

© Erwan Cognard

Que peut faire le public habituel / personne lambda pour vous soutenir ?

Nous avons reçu énormément de soutien, beaucoup de personnes nous ont écrit des petits mots, surtout dans la période d’incertitude financière, ça nous a fait énormément de bien ! Nous les remercions car ça nous a beaucoup touché. Le meilleur moyen pour nous soutenir sera donc de revenir au plus vite, afin que le lieu reprenne vie. Faites-nous confiance et laissez-vous guider par la programmation, in bamboche we trust !

 

Quels sont vos coups de cœurs musicaux 2020/2021 ?

Les coups de cœur des commissions de programmation musique de la Bobine :

► Com Concert : 

Baby’s Bersek / Dry Cleaning / Calling Marian / Tribade & le label Bongo Joe dont on parle plus haut : YĪN YĪN / Lalalar

► La scène locale :

NSDX / Bleu Russe

► Com Apéroconcert :

Fun Fun Funeral  / Melba / Austraal

► Apéromix :

Mambo Chick / SAULT – Fearless / Reymour & tout le label Knekelkhuis

local  : 

Nikitch & Kuna Maze – Hey, This Must Be Deep (la release party était programmée le 10 novembre en bar+salle…) / James Stewart Hard Fist le label

 

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