Mais qui se cache derrière Fall therapy (aka Eymeric Anselem), l’un des musiciens qu’accompagne La Belle Électrique cette année ? Nous avons récolté quelques informations pour vous, juste après son dernier live électro pour la soirée d’inauguration du Labo de La Belle…
Un album électro-automnal qui ne laisse pas indifférent
Tout commence avec un challenge de compositions du type « 1 album en 1 mois ». S’en suit alors la publication de « You Look Different » par n5MD, puis l’accompagnement de La Belle Électrique avec leurs conseils et coups de pouce pour tout ce qui est relatif à l’aspect live.
Et pour le coup, il s’agit ici d’un petit bijou pour ceux qui affectionnent le mélange d’éléments organiques (instruments à cordes, sons naturels) avec des influences et des rythmes électro. Comme le souligne très justement le magazine Santa Sangre, les imperfections audibles nous rappellent qu’il y a un homme et des émotions derrière les machines…
Fall Therapy à La Passoire / © John Fu Photography
Dès que se lance la première piste du CD, on entre dans l’univers de Fall Therapy.
Voilà comment celui-ci décrit ce voyage auditif : « On capte tout d’abord un déclic, rapidement suivi par une notion de déni sur les tracks suivantes. Puis il y a de la nostalgie et du regret autour de « Guilt » (track 5, ndlr). Et pour finir, une forme de deuil et d’acceptation dans les dernières musiques. Mais le tout dans un processus progressif, qui pousse à l’introspection, la rêverie, la nostalgie et la contemplation. »
Pour le coté technique de son travail, Eymeric réalise des enregistrements en extérieur qui se font en « field recording » avec un petit micro portable. En effet, jamais sans son micro, il reste attentif à tous les sons qui le touchent et l’intéressent. Comme un chemin nappé de feuilles mortes, le vieux piano désaccordé de sa grand-mère ou un bruit de ventilation de vestiaire qui fait une jolie quinte un peu fébrile…
Fall Therapy / © Nicolas Faus Production
Tout se passe ensuite dans son petit home studio (tri, extraction et sound design). Sa technique ? « Intégrer ces éléments extérieurs à des morceaux, ou éventuellement les construire dessus. » Hormis un ordinateur, des enceintes, des micros et une carte son, il y a assez peu de matériel. Les contrôleurs lui sont surtout utiles pour le live.
Il travaille d’abord les rythmes (partie la plus complexe pour lui aujourd’hui) puis lorsque les fondations sont là, il ajoute le reste, couche par couche (la phase plus facile et agréable à son goût). Puis, au final, arrivent les instruments et la voix, comme la cerise sur le gâteau…
Comment décrire alors ce premier album en quelques mots ? « C’est l’esthétique de l’automne : on le retrouve dans l’artwork, les bruits de feuille mortes et plus globalement l’idée d’une période ensoleillée qui prend fin ».
Un artiste passionné, ouvert, et bien entouré…
Parce qu’un musicien se fait rarement seul, Fall Therapy lui aussi est entouré de personnes qui l’ont épaulé et aidé pour ce premier projet.
A commencer par Endrik Schroeder, producteur et DJ Grenoblois avec qui il partage de nombreuses influences, et qui a finalement été son mentor sur ce projet : « Quand j’ai bouclé la partie compo, il a su me conseiller à la fois techniquement sur le son de l’album, et sur la stratégie à employer pour lui donner une visibilité. »
La participation de Medard Fischer, un artiste australien dont la musique l’avait touchée il y a bien des années, a aussi été décisive pour » You Look Different » : « Je lui ai fait écouter le projet, il a apprécié et m’a proposé de le faire passer à n5MD, le label sur lequel je l’ai découvert et qui compte un grand nombre d’autres projets musicaux qui m’ont beaucoup influencés pour la partie electro émotionnelle. » Il ajoute : « La démo est alors arrivée entre les mains de Mike Cadoo, responsable du label. C’est allé vite, c’était en même temps très inattendu et très grisant. »
Pochette de l’album « You Look Different » / © Ben.Bert
Hugo Montero a également apporté sa pierre à l’édifice et pas des moindres, en lui livrant le très beau clip « Guilt ».
Sans oublier le fameux Ben.Bert, qui a réalisé la pochette avec beaucoup de justesse. Eymeric raconte : « Le brief était très court. Je souhaitais voir un homme qui marchait de dos avec sac dans la main. Pour le décor : des feuilles mortes en l’air et un ciel ténébreux. Ben.Bert l’a fait, très justement… » Il tient à ajouter, à propos de ces deux personnes : » Dans les deux cas ils ont profondément respecté le projet tout en insufflant leur patte et leur talent. Je suis tombé sur les bonnes personnes au bon moment, et c’est un vrai bonheur. »
Le live : quand la « bête » se réveille
Justement, ce sont les feuilles mortes et sa présence sur scène qui m’avaient interpellée lors de son tout premier live à l’Atelier À Cœur (très beau lieu de partage artistique dans le quartier Saint-Bruno). Comme à chaque concert proposé dans ce local, l’artiste/musicien est proche du public : c’est l’occasion parfaite de livrer un live intimiste.
Belle écoute et participation du public chez À Cœur pour la sortie de l’album / © kalyani.fr
Et c’est effectivement ce qui s’est passé sous mes yeux ce soir-là : un Eymeric souriant et tout en mouvement, évoluant sur un set plutôt acoustique (avec des amis musiciens invités sur certains morceaux). Un Eymeric qui saute un peu partout, affichant un dynamisme que l’on ne soupçonne pas à son premier album doux et mélancolique. Le tout en mode « conte », avec une belle participation du public lors du bruitage des feuilles mortes.
Et depuis ce soir d’octobre 2018, le jeu scénique des sets live a bien évolué. Le déclic ? « Ça était pour moi la scène de La Belle Électrique. Parfaitement luxueux et démesuré. C’était très enivrant d’avoir un son comme celui que j’ai pu avoir, avec les lumières et le VJing (performance visuelle en temps réel,ndlr) derrière moi. J’étais quasiment en transe. C’était génial. »
Fall Therapy, l’electro-organique / © Nicolas Faus Production
Ses live sont donc aujourd’hui d’autant plus dynamiques et travaillés. Quant à lui, il est et sera toujours accompagné de son violon (non sans rappeler un certain Sumac Dub), cet élément essentiel à son œuvre organique et vivante, en parfait accord par ailleurs avec la saison actuelle …
Si tu as aimé Fall Therapy, celui-ci te conseille …
- Burial, car « Son univers est clairement plus noir et urbain que le mien. Son album « Untrue » m’a beaucoup marqué par ses beats instables et l’ambiance lugubre, singulière qui imprègne chaque morceau. »
- Moderat, « une inspiration majeure pour moi. »
- Clark« et son sound design complètement dingue dont j’envie la précision. »
- Boards Of Canada, Nils Frahm, ou Near The Parenthesis et Arc Lab de chez n5MD, « qui sont des artistes qui offrent une approche moins nerveuse, plus mélancolique de la sphère electro, et peut-être plus précieuse par certains côtés. Ils savent tous marier le langage de l’électronique avec une délicatesse dont ils ont le secret. »
- Epic45, July Skies ou Bibio : « pour les parties plus organiques et les ambiances planantes et nostalgiques que l’on retrouve dans des formations anglaises (album « Silver Wilkinson » de Bibio, immense coup de cœur personnel). »