Les Chevals Hongrois étaient présents le 29 octobre à l’Engrenage et le 5 octobre au Toï Toï à Villeurbanne pour leurs dernières dates locales. Depuis plus de vingt ans, ce groupe de « rap néfaste à tendance tropicale » cultive un univers artisanal et décalé. Textes hallucinants et hallucinés, brin de folie assumé, ces trublions du verbe musicalement prolifiques se plaisent à scander « des juxtapositions sur des rythmes binaires ». Rencontre mythique avec Roland Furieux, un des fondateurs. 

 

Comment s’est formé le groupe ?

Tout a commencé en 1997 : l’école qui merde, la merde qui colle. Tout est dit. Ça fait vingt-et-un ans que ça existe mais on fait des concerts depuis qu’on a dix-huit ans sachant que j’avais douze ans en 1998 et que Muda [de Bavière ndlr] l’autre chanteur est né cinq ans après la mort de Brassens. […] On est des copains de collège, des bons copains et Muda c’est un rayon de soleil. […]

En tout je crois qu’on a fait vingt albums avec diverses collaborations ; et diverses formations, on a commencé à trois et on est encore trois. Le troisième membre c’est DJ Bœuf A (quelqu’un de bien), il est arrivé il y a sept ans je crois. C’est un excellent disc jockey. […] Il est technicien de surface pour la ville de Lyon dans la vie réelle et c’est un excellent plieur de câbles. Il a un diplôme en pliage de câbles et il possède un magnifique hangar. Très important pour le groupe, le hangar de DJ Bœuf A.

 

chevals hongrois - rap grenoble

Les Chevals Hongrois à EVE, 2015 © DR

Justement, pourquoi avoir choisi ce nom pour votre groupe ?

C’est un secret…

 

Comment décrirais-tu votre processus créatif ?

On ne répète jamais. Quand on a un nouveau morceau on le répète une fois. En fait nos concerts sont nos véritables répètes. Je pense que c’est un plus pour nous, pour notre authenticité quelque part. On travaille chacun de notre côté. […] [Quant aux inspirations] j’espère penser que la poésie n’est pas inspirée uniquement par la poésie.

Évidemment on est influencés par beaucoup de monde sans le savoir. Les plus grandes influences elles sont inconscientes. Moi j’aime énormément de choses, surtout le football par exemple, je regarde beaucoup de foot. Muda il fait beaucoup de sport aussi, il fait de l’ultimate frisbee […] ça peut être des films. Moi j’aime bien Vertov, Eisenstein, Godard. Après en rap, j’ai pas envie de citer de rappeurs. J’aime tout quoi, tous les gens qui font du rap à part quand c’est homophobe ou sexiste donc ça enlève déjà une bonne partie tu me diras. […] L’inspiration ça vient en travaillant beaucoup. Quelqu’un a dit qu’on devrait plutôt dire expiration parce que ça sort de nous.

 

Des thèmes de prédilection dans votre musique ?

Il y a des mots qui reviennent : membrane très souvent, métier, les lacs, les fleuves, les rivières, les animaux beaucoup mais ça peut être n’importe quoi. Les animaux oui, les animaux c’est bien, on en parle beaucoup, le sport, le foot. Moi je trouve que c’est beaucoup plus dur par exemple d’écrire un texte sur la police quand tu fais du rap parce que ça s’est déjà beaucoup fait […] C’est pas pour ça qu’il ne faut pas le faire.

Il y a des gens qui écrivent encore des très bons textes sur la police mais c’est beaucoup plus dur. C’est beaucoup plus simple d’écrire sur des chauves-souris, d’être nouveau quelque part. J’ai pas de thème de prédilection. Je ne me dis pas au début je vais écrire là-dessus. J’écris et puis je dis ça c’est bien, ah ba ça parle de ça, bon, ça va bien avec cette phrase qui parle peut-être d’autre chose mais ça va bien avec alors je vais le mettre.

 

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© DR

Un mot sur vos collaborations ?

C’est des copains. On va jamais chercher quelqu’un. Si une fois on a fait une collaboration avec Philippe Dhondt qui est Boris [Soirée Disco, 1995 ndlr]. C’est la seule personne qu’on ne connaît pas avec qui on a écrit pour faire un truc. Sinon, c’est que des copains, en fonction du déroulement de la soirée, c’est rarement prévu. On fait des collaborations assez hasardeuses. Moi j’aime bien les gens qui font leur premier rap par exemple. J’enregistre des gens qui font leur premier rap, des gamins, des adultes, tout le monde.

 

 

Des projets ?

Une fois par an on fait une grosse mixtape des morceaux qu’il y a dans l’année qui s’appelle Poutre apparente, ça va être la sixième là. […] Il y a un truc qui sort là dans un mois, c’est des reprises de Dimey, un poète, sur des instrus de NTM. On a fait quatre albums de reprises : Prévert, Rimbaud, Genet, Desnos. Parce qu’on ne se prive pas de reprendre des textes, même s’il y a une sorte de loi dans le rap des puristes de chanter ses propres textes. Mais bon on ne le fait pas forcément. […]

On produit quand même beaucoup, on trie pas trop, on jette pas trop quoi. On sélectionne pas des trucs pour que ce soit le mieux possible […] des fois on enregistre à l’arrache, il y a un micro pourri c’est pas grave, s’il y a un truc bien dedans ça se garde.

 


 

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