Samedi 20 janvier, l’association ADN – Arts et Distorsions Numériques – investissait l’Ampérage pour la sixième édition de son événement emblématique : La Melting. A cette occasion, Music’n’Gre est parti à la rencontre de son président, Marco Joannin, pour en savoir un peu plus sur cette association promouvant le psychédélisme sous toutes ses formes.
Dernier membre fondateur et actuel président de l’association ADN – Arts et Distorsions Numériques, Marco Joannin aime la trance et entend bien apporter un vent de fraîcheur sur la scène locale et française.
Fruit « d’un projet de fac de troisième année Arts du spectacle et cinéma », ADN voit le jour à Amiens en 2011. Ses membres créent un « court-métrage psychédélique » avant de réaliser des « after movies dans différents évènements » sur Paris et en Belgique.
L’aventure prend un nouveau tournant en 2013 avec la création d’un premier évènement, Translucid, réintroduisant au passage la trance en Picardie après dix années d’absence. S’ensuit une seconde édition en 2014, mais un funeste incident pousse l’association à l’exil qui s’installe à Grenoble, tout en poursuivant l’organisation d’évènements à distance.
Entre expérimentation et innovation
Migrer à Grenoble, un hasard ? Que nenni. Marco Joannin avoue s’être « pris une bonne claque » en s’installant dans la capitale des Alpes. « Grenoble c’est une ville d’exception en termes de publics et de nuits tardives ». L’intéressé considère d’ailleurs la cuvette comme la « capitale de la trance » de par la « dizaine de collectifs qui en diffusent régulièrement » et « gravitent » autour de Hadra.
Grenoble, l’occasion également pour Marco Joannin de mener un projet de recherche dans le cadre d’un master d’anthropologie de la culture avec Hadra. Son objet : « Les publics de la psytrance : enchantement et processus de l’œuvre », ou « comprendre comment un courant musical inconnu au bataillon se professionnalise et crée des publics qui se divisent sur des sensibilités musicales ». Son constat : en France, les « deux sous-courants principaux » les plus diffusés sont « la psyprog et la full-on ».
« La trance aujourd’hui, 80% des organisateurs font des line-ups unigenrés, aux mêmes bpm, dans le même sous-genre » où le public se perd dans une trance de « dancefloor accessible » sans pouvoir reconnaître ce qu’il entend, renaude Marco Joannin.
« La trance aujourd’hui, 80% des organisateurs font des line-ups unigenrés, aux mêmes bpm, dans le même sous-genre »
Alors pas question pour ADN de devenir un énième clone. L’association se revendique innovante et entend promouvoir des « styles plus rapides, plus noirs, ou des styles beaucoup plus mélodiques c’est-à-dire avec une influence jazz, funk, etc… ». En bref, « des choses qui ne se développent pas en France » , davantage « inspirée par un minimalisme technoïde de la trance ».
ADN « aime déranger »
« L’association a un collectif d’une douzaine d’artistes majoritairement live » avec entre autres FX23 et Nibana connus internationalement, Oth brok, Cyclome, Ohnoma Topee et Hybrid Reality en région Rhône-Alpes. Sans oublier « un collectif de graphistes 2D et 3D » et« des vidéastes ». Les « évènements financent le label » en produisant des compilations et des EPs grâce auxquels l’association « diffuse les artistes ».
Le label travaille autant sur de l’ambient, de la bass music que de la dark, de la hi-tech avec des rythmes oscillant de 130 à 200 bpm. Car ADN a une identité propre. Son génotype : montrer au public la singularité de chaque artiste, le tout en mettant l’accent sur « le côté arts numériques global et expériences sonores et visuelles globales ».
Et pour ce faire, l’association n’hésite pas à sortir des sentiers battus. ADN « aime déranger » sourit Marco Joannin, à l’instar de la « programmation à l’envers » de La Melting #6 où la soirée commençait « par le plus dur ».
Et l’association ne compte pas s’arrêter là. Avec des projets pleins la caboche, son président espère développer des évènements centrés autour du psytechno et du glitch, voire devenir une « scène d’ouverture à ces styles », particulièrement sous-représentés en France et qui pourtant « cartonnent aux Etats-Unis et au Canada ».
Ou encore créer un projet de métal électro vs métal psytrance car oui, métal et trance font bon ménage. L’association compte d’ailleurs parmi ses bénévoles des publics métalleux attirés par le « côté acoustique, jazz » aussi bien que par le « côté plus hardcore » de la trance.
Même si Marco Joannin se prête parfois à rêver d’un « festival d’arts numériques dans la ville », d’une « soirée trance dans un opéra, ou faire un truc sans artistes sur scène » pour l’heure, certaines priorités sont fixées.
L’intéressé espère créer comme première base salariale de l’association « un collectif de graphistes du psychédélisme », français voire européens en développant le merchandising avec « un site internet où la majeure partie des visuels seraient déclinés en divers vêtements, objets et autres » et embaucher un service civique en septembre 2018.
De quoi redonner le sourire à tous ceux « lassés par la scène psytrance locale ». Prochain rendez-vous psychédélique, le 17 mars 2018 avec La Melting #7 où la dark sera à l’honneur avec les druides bretons d’Ethereal Decibel Company.