Le 7 novembre dernier, l’association L’Engrenage fermait les portes de son local situé 27 Rue Jean Prévost dans le quartier Saint-Bruno. Une décision imposée par les services municipaux pour cause de non-conformité des lieux aux normes de sécurité (et une pétition lancée par des voisins auditivement troublés). Malgré ce coup dur qui appartient désormais au passé, l’association se tourne vers l’avenir et compte bien rebondir. Rencontre avec Riad, Manu, Benjamin et Amélie, quatre de ses bénévoles.  

 

Le 1er décembre 2016, l’association L’Engrenage ouvrait ses portes au 27 Rue Jean Prévost dans le quartier Saint-Bruno. Créé par un « groupe d’amis », le but premier n’était pas de « créer un bar, ni une salle de concerts » mais « faire un lieu autour de nos valeurs » affirme Riad, bénévole de l’association. Montrer avec un « exemple local » que les valeurs chères au groupe « peuvent marcher, c’est-à-dire l’auto-responsabilité des gens, la tolérance, le respect, l’écoute » ajoute l’intéressé.

 

© L’Engrenage

L’association met en place un modèle basé sur « du prix libre » en proposant trois concerts par semaine et diverses activités, de la boxe à la zumba en passant par le crossfit. Sans oublier des projections et la mise à disposition du local à d’autres groupes partageant la « charte des valeurs » de L’Engrenage pour des réunions.

Objectif : « être acteurs de la vie grenobloise à travers nos valeurs et […] pouvoir redonner de l’argent à des associations » collant à ces valeurs souligne Manu, également bénévole. « Prouver qu’un lieu comme ça peut exister sans subventions » et être « totalement indépendant financièrement » en s’appuyant sur « la solidarité populaire, c’est-à-dire s’aider les uns les autres tout simplement » insiste Riad.

 

Le début de la fin ?

Pendant près de deux ans, une vingtaine de bénévoles font vivre l’association et récoltent plus de 15 000 euros avant de les redistribuer à divers collectifs et associations. Parmi eux : Le Planning Familial 38, Help SDF, L’enfant bleu, SOS Méditerranée, entre autres. L’association ouvre par ailleurs les portes de son local « aux plus démunis lors des nuits de grand froid l’hiver avec douche, vêtements neufs, repas chaud ».

 

© L’Engrenage

Malgré un bilan exemplaire, le couperet tombe le 7 novembre 2018 : L’Engrenage doit fermer ses portes par décision des services municipaux. « Le local n’était pas aux normes de sécurité. Il organisait quand même des concerts depuis plus de dix ans » ironise Riad avant d’ajouter qu’il était impossible de le mettre aux normes, les murs mitoyens empêchant la création d’une seconde issue de secours.

En cause également : une pétition lancée par de nouveaux voisins pour troubles du voisinage. Le local (qui abritait auparavant les bars Le 69 puis Le Maily’s) était déjà coutumier de tels troubles. En connaissance de cause, l’équipe accentue alors ses « efforts sur les problèmes de sons »« A une heure et demie on mettait les gens dehors et on demandait aux gens de ne pas rester devant » rappelle Manu.

 

© L’Engrenage

« Des pancartes partout » indiquaient aux gens ne pas faire de bruit, ni uriner sur la voie publique ou taguer l’espace public. « On a même réussi à instaurer un dialogue avec les gens du bâtiment en face de nous » ajoute ce dernier. Ne remettant pas en question cette décision administrative mais refusant de se laisser abattre, les membres de l’association se donnent comme nouvelle mission de trouver un local (aux normes cette fois-ci) pour accueillir leurs activités.

 

« On va de l’avant »

 « Nous on a tourné la page de la fermeture » insiste Riad avant d’ajouter : « on va de l’avant ». Manu renchérit : « On est tournés sur qu’est-ce qu’on va faire après, où est-ce qu’on va le faire c’est pour ça qu’on a lancé une pétition », pour demander que la mairie responsable de la fermeture « propose un lieu aux normes ».

 

« La mairie a reconnu qu’on était une association d’utilité publique et d’intérêt général »

 

A la mi-novembre, les bénévoles rencontrent alors deux conseillers au cabinet du Maire et instaurent un « dialogue franc et constructif qui va se poursuivre » affirme Riad. « La mairie a reconnu qu’on était une association d’utilité publique et d’intérêt général » ajoute Manu, soulignant au passage le « travail social » et la « place culturelle » de l’association.

L’Engrenage a pu résilier de manière anticipée son bail, évitant ainsi de s’acquitter de 12 000 euros. La cagnotte lancée sur Kisskissbankbank permettra de couvrir les frais inhérents à une nouvelle installation. Si le projet devait se terminer, elle serait reversée à des associations. Dans le même temps, l’association compte bien occuper le terrain médiatique et organiser des manifestations régulièrement jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée.

 

engrenage - cafe concert - grenoble

© DR

Prochains rendez-vous : le 11 décembre avec la projection du documentaire L’Amour et la Révolution au 102 Rue d’Alembert en présence du réalisateur Yannis Youlountas. Et l’organisation du festival L’Engrenage Bouge Encore ! du 13 au 14 décembre dont tout l’argent « sera reversé à Help SDF et à la MJC Parmentier », le premier soir au Bauhaus puis à la Bobine. La dernière date prévue le 15 décembre au 38 est finalement annulée, du fait de voisins auditivement troublés …

 

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