En quelques douze ans d’existence et deux albums, Holophonics a certainement dû souvent répondre à la question ou tenter de répondre à cette question : « Vous faites du rock ou du métal » ? Neuf ans après leur précédent opus (mais qu’est ce qui s’est passé les gars, vous avez hésité à vous mettre au disco?) ce nouvel album « fast forward (and no rewind )» ne va pas changer la donne sur la question, certaines choses n’étant pas vouées à changer comme ça du jour au lendemain !

 

 

T’en veux du Patator ?

Parce que depuis le temps, les Holophonics savent plutôt où ils en sont et où ils vont… Plutôt droit au but version propre et carré, à commencer par leurs compos ! Ultra maîtrisées et calibrées, l’auditeur accoutumé au gros rock à l’américaine ne sera pas perdu. Entre les riffs accrocheurs de « Fault Line », « Fire inside » ou encore « Cluster A », et les refrains de stade à la « Fast Forward » ou « The Call » (mais on pourrait presque citer chaque titre) l’amateur est plutôt à la fête.

Les compos naviguent entre l’énergie naturelle du groupe et des moments plus feutrés qui permettent de jouer tout de même de quelques nuances pour reprendre un peu son souffle, et attaquer sereinement un gros pont à la « The Call » , «Fault Line» ou encore « Fast Forward », faisant de ces titres de vraies machines de guerre. Efficacité testée et approuvée, les gars connaissent leur affaire et démontrent que c’est bien avec de vieux potes que l’on fait pas dans la fioriture (ou un truc comme ça …).

 

On retrouve également ce savoir-faire dans une belle pochette (ce qui n’était pas forcément le cas des deux précédentes, mais bon là c’est purement personnel), une communication pro, une production moderne et précise en mode « rien qui dépasse ». Et si vous les avez déjà vu en live, vous savez que c’est pas sur scène qu’on peut les prendre en défaut niveau concours de bulldozer…

 

Oui mais … parce qu’il y a toujours un oui mais …

C’est une évidence, le rendu est très propre… Voir même trop pour certains. La voix très posée de Stef semble parfois manquer de gras, restant dans un registre plutôt rock (si on excepte la toute fin d’ « As you well know », qui montre qu’en plus il est capable de bien saturer…). Ce que l’on perd en énergie brut permet aussi de mettre en avant un très gros travail d’arrangement des lignes de voix, dont on a déjà dit le plus grand bien (à nouveau c’est purement une affaire de goût). Il est évident que les amateurs d’esthétiques plus « à l’arrache » iront chercher ailleurs leur bonheur. Holophonics, c’est puissant et cadré comme une grosse patate en lucarne, moins romantique qu’une frappe enroulée sous le ventre d’un portier espagnol en finale de l’Euro mais tout aussi efficace !

 

holophonics - rock grenoble

© BNB Photos

Second écueil potentiel, la musique de Holophonics peut paraître peu originale, et effectivement en écoutant ce « Fast Forward » vous allez vouloir jouer au jeu du name dropping spécial grosses pointures US des années 2000. Les Perfect Circle, Stone Stour, Hoobastank ou encore Papa Roach ont du tourner dans les lecteurs de CD du groupe à l’époque (bah oui so 2000 quoi…) et ça s’entend ! Bienvenue dans le domaine des groupes qui savent mettre des grosses baffes tout en n’ayant pas peur de montrer qu’ils ont aussi un petit cœur qui bat fort…

Des ramoneurs de conduits auditifs aux batteurs massifs qui doivent se battre avec des guitaristes à moitié autistes ne jurant que par leurs ampli high gain pour se faire entendre ! Holophonics se place clairement dans cette lignée, et on ne va sûrement pas leur reprocher de faire une musique s’inspirant des patrons dans le style. A l’heure des batteries chichiteuses, des synthés de bar-mitzvah et d’une musique pop fluo ultra-voyante et artificielle, Holophonics assume quitte à être en décalage avec la tendance…

 


Le Nu Rock c’est quoi comme animal ?

Holophonics, rock ou métal, finalement on s’en fout. D’autant que cette fameuse distinction n’est un problème qu’en France où dès que l’on met un peu de guitares en avant et une batterie énergique on est très vite classé « métal » alors que le reste du monde  trouvera des trésors de nuances pour ne ne pas vous mettre une veste à patch sur le dos et une coupe mulet sur la tête. On peut parler d’indie rock, d’alt rock, de nu-rock, de power rock… bref la nuance est possible si on s’en donne les moyens. Nous, ce qu’on a compris c’est qu’avec cet album, Holophonics continue à jouer une musique de cadors où l’efficacité n’est pas un gros mot mais plutôt une seconde nature !

 

« Fast Foward » de Holophonics : vous prendrez bien un peu de métal dans votre rock ?
7.7Note finale
Originalté 7
Technique7
Plaisir à écouter9
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