Beau sexe a eu le nez fin bien avant que le féminisme ne revienne sur le devant des questions sociales françaises. Avant le mouvement #MeToo et #BalanceTonPorc, avant les polémiques dans le cinéma français, le duo grenoblois avait déjà choisi son camps musical, incarnant Le beau sexe, sans se préoccuper de savoir si celui-ci se devait d’être féminin ou masculin.

 

Composé de Xavier Bray et Virgile Pegoud, le combo n’en est pas à sa première mystification, après ce choix de nom de groupe un brin provocateur pour un duo masculin. En effet, les plus avertis d’entre vous auront déjà repéré le sieur Bray derrière les futs de multiples groupes à la notoriété reconnue. De Virago à Mama Rosin, en passant par Nadj, celui-ci a fait ses preuves à la batterie, et en toute logique a décidé de passer derrière la guitare et le chant pour présenter ses propres compositions. Dans un format guitare-batterie classique d’un raw blues incarné par les Whites Stripes ou The Black Keys, le combo prend ici le contre-pied, tout en laissant la part belle aux guitares, et va tendre vers la chanson à texte introspective…

 

« L’intime sans tambour ni trompettes »

Puisant dans des références que l’on n’a pas l’habitude de croiser au détour d’un même titre, le duo a le bon goût de s’adjoindre les services d’une basse bien ronde, de pianos électriques et autres orgues 60’s au détour d’arrangements raffinés et goûtus.

On sent que les productions Motown, Chess Records et plus près de nous, de Dan Auerbach, ne sont pas tombées dans l’oreille d’un sourd. C’est en mode bout de ficelle et débrouille, ne vous attendez pas à un Wall of Sound ravageur, mais c’est raffiné et toujours bien vu. La voix de Xavier connait ses limites et ne cherche pas à nous enfumer derrière des subterfuges. Les textes dans une tradition plus francophone se suffisent à eux mêmes sans feux d’artifice vocaux.

 

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© Nathalie Marest

L’intime ne se dévoile pas dans le fracas du tambour et des trompettes mais par le murmure de quelques mots choisis au creux de l’oreille. Quelques accroches, une petite mélodie de ci de là, et l’on entre par touche dans un monde sensible où la relation à l’autre est au cœur de la vie.

 

Un 3e EP nommé … « 3 »

Après 2 EP sobrement intitulés « 1 » et « 2 », le duo sort … « 3 », prouvant qu’il est aussi capable de faire les choses dans l’ordre. Son titre « Dessous les dessous » a été sélectionné pour faire partie de la Cuvée Grenobloise 2020 et même si la partie concert est un peu en berne en ce moment, de belles dates arriveront en même temps que les beaux jours et on l’espère, dès la fin du confinement.

Alors comme vous n’avez que ça à faire en ce moment niveau musique, on se bouge les doigts pour aller sur le bandcamp et le soundcloud du groupe histoire de ne pas attendre l’EP « 4 » pour profiter de ce Beau Sexe là.

 

Ecouter Beau Sexe

 

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