Catchlight a débarqué sur notre scène locale en 2016 avec « Amarillys », un concept-album empreint d’un rock progressif ambitieux et minutieusement composé. Dans un univers post-apocalyptique travaillé, où chaque titre retrace une histoire SF faite d’intelligence artificielle et de survie, le groupe continue d’évoluer et œuvre pour une musique de plus en plus immersive. Ils sortent ce vendredi leur nouvel album, « Helios Part One », à l’occasion d’une release party très attendue sur la ville avec Vercors, Collapse et Klone à l’Ampérage le soir même. Retour sur l’aventure d’Amaryllis et l’évolution des projets du groupe, qui s’annoncent plutôt bien…
Que retiendrez-vous de « Amaryllis » et des retours du public sur ce premier projet de longue haleine (cinq ans de préparation, un EP défendu sur scène depuis 2016) ?
« Amaryllis » c’est beaucoup de tâtonnements, de recherches, de travail. Comme tu le dis, c’est un projet de longue haleine qui est la genèse de Catchlight. Avoir l’idée et l’envie de construire un concept élargi à l’écriture et l’image, c’est une chose, mais la mise en œuvre est complexe. S’il a mis cinq ans à voir le jour, c’est qu’on est passés par des phases d’écriture, de changements de line-up, de remises en question, de recherches qui au final ont abouti à la création d’un album qui n’avait absolument rien à voir avec ce qu’on imaginait au début. Aujourd’hui on y est attachés, et les deux derniers concerts autour d' »Amaryllis » ont été un peu spéciaux. Mais ce qui est génial, c’est qu’il a ouvert des possibilités pour la suite en terme d’inspiration et c’est ce qu’on attend à mon sens d’un premier album.
« Helios – Part one » sort ce 18 octobre. Existe-t-il une continuité avec le premier EP, sommes-nous dans la suite du concept album ? Ou alors s’agit-il d’une histoire différente, dont « part one » ne suggère que le début ?
Alors, oui, « Helios-Part One » s’inscrit clairement dans le même univers que « Amaryllis ». Cependant, l’action se situe bien avant. On va suivre le parcours d’un personnage qui a vécu la catastrophe ayant conduit à la fin de la civilisation. À l’origine, je ne savais pas si l’idée d’un concept comme Catchlight intéresserait des gens. Du coup, j’ai choisi d’écrire une histoire qui pourrait se suffire à elle-même dans l’éventualité ou il n’y aurait finalement qu’un seul concept-album. Cela dit, l’idée a toujours été d’écrire une grande fresque, comme pour un roman qui s’étalerait sur plusieurs tomes ou une sorte de « série » musicale. Ici le « Part One » suggère bien une suite qui pourrait expliquer un certain nombre de choses survolées dans « Amaryllis », mais l’action se situant sur plusieurs siècles, deux albums, voir plus, risquent d’être nécessaires pour la raconter…
Quels aspects de votre projet souhaitez-vous continuer d’approfondir, ou au contraire, effacer ?
On a remis plein d’aspects en question depuis le début, tant sur le plan musical, scénique qu’organisationnel. Je ne dirais pas qu’on a tout résolu bien-sûr, mais on a fait du chemin.
On voudrait surtout approfondir l’aspect « cinématographique » de Catchlight, comme le suggère la pochette de « Helios-Part One ». On a d’ailleurs quelques petites choses en préparation à ce sujet et on est très impatients de vous montrer tout ça…
Votre travail du son a-t-il évolué depuis vos débuts ?
Pour « Amaryllis », seules les batteries avaient été enregistrées en conditions studio par Michael chez Marc Bohnke. Pour le reste des instruments, on était passés par des simulations d’amplis. Maël Diard et moi avions ensuite mixé l’album ensemble en Home Studio.
La différence pour « Helios-Part One », c’est que nous avons choisi de passer par un studio d’enregistrement professionnel pour les prises. C’est Romain Guiramand, notre ancien claviériste qui s’en est occupé. L’idée était d’obtenir un son plus organique à l’heure où beaucoup de très bon groupes de prog ont recours aux simulations d’amplis mais aussi de batteries. C’est une esthétique qui ne nous convenait pas au regard de nos compositions.
Si j’ai mixé l’album seul dans mon Home Studio encore une fois, les prises étaient vraiment très différentes de celles d’Amaryllis et notre son a vraiment évolué.
Votre approche de la scène a-t-elle également évoluée ?
Pour le live, il faut dire que trois ans de concerts (presque quatre) avec « Amaryllis » nous ont fait beaucoup avancer. Si tous les membres avaient déjà une certaine expérience de la scène, chaque projet est différent. Dans Catchlight, la dimension visuelle a pris de plus en plus de place tout comme le jeu de scène puisque j’interprète à certains moments le personnage principal de l’histoire de manière un peu « théâtrale ». L’idée derrière tout ça, c’est de proposer autre chose qu’un simple concert. Si au moins une personne, un jour quelque part vient nous voir pour nous dire qu’il a vécu une expérience (émotionnelle ou artistique) plutôt qu’un live, c’est qu’on aura réussi notre coup !
Quel public souhaitez-vous toucher avec votre musique ?
L’idée avec Catchlight a toujours été d’intégrer émotionnellement les gens à l’histoire, d’abord par la musique évidemment, mais aussi à travers la nouvelle qu’on peut lire sur le site accompagnée par les illustrations qui sont également visibles sur scène.
Comme je le disais plus haut, tout est envisagé comme une expérience complète. Alors bien sûr, on n’est pas des artistes de génie qui se voient révolutionner le monde du prog, mais si on arrive à toucher ne serait-ce qu’une personne dans le public qui voudra aller lire la nouvelle avec la musique en guise de BO pour avoir une vue d’ensemble, alors on aura réussi quelque chose !
Que pouvons-nous vous souhaiter de meilleur pour les années à venir ?
Je dirais de pouvoir nous renouveler, d’avoir de quoi alimenter notre univers encore longtemps. Et évidemment si on peut réussir à toucher de plus en plus de personnes à l’avenir, on n’a rien contre ! D’ailleurs, on a fait pas mal de concerts depuis la sortie d’Amaryllis, mais encore aucun festival, donc on aimerait vraiment que ça change avec « Helios-Part One » !