Voilà à peu près un an que Nao et Yoan, membres du duo Aora paradox, ont commencé à créer des sons ensemble. Des titres inclassables, qui ont en commun la volonté de repousser les frontières de l’univers musical… Aujourd’hui, ils s’apprêtent à sortir un EP (le 15 avril), jouent au bar de la Belle électrique le 16 mars et à l’Ampérage le 30 mars. Rencontre avec ces jeunes talents qui ont décidé de passer aux choses sérieuses !

 

Pour comprendre un artiste, c’est bien de le voir travailler dans son atelier et de le rencontrer chez lui. L’avantage, avec Aora Paradox, c’est que tout a lieu au même endroit. Nao et Yoan, les deux parties du duo, ont aménagé leur studio de production et d’enregistrement dans leur maison d’Eybens. L’agencement nous donne une bonne idée de leur façon de travailler. Tout est fait avec les moyens du bord : matelas sur la fenêtre, mousse sur les murs, clavier et guitare à portée de main et sampleur prêt à l’emploi.

 

aora paradox

© Nicolas Joly

Expérimenter pour se débarrasser des limites

Difficile de définir simplement la musique de Aora Paradox. Les morceaux, assez différents les uns des autres, semble n’avoir qu’un seul terme en commun, « expérimental », qui ne couvre pas l’étendue de ses ramifications. Leur musique se nourrit des influences de Nao, résumée en une « musique chantée, lancinante et rap » et de celles de Yoan, « psybiant et alternatif, qui permettent des possibilités infinies. »

 

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Nao, à gauche, et Yoan, à droite © Nicolas Joly

Yoan compose la plupart des morceaux. Ses notes de guitare nous guident le long de chaque piste. « C’est quasiment notre instrument principal, on en met partout« , explique-t-il. Avec la voix de Nao, c’est le seul instrument qui est enregistré en tant que tel. Tout le reste est samplé et produit par ordinateur, ce qui permet une liberté de création totale. Ils n’hésitent pas à mélanger les sons de différents styles, jusqu’à atteindre un assemblage satisfaisant. « On part sur quelque chose, sans savoir où on va, mais on y va », avance Yoan. « On part d’un truc très trip hop et on ajoute quelque chose, ça part en gros metal », ajoute Nao.

 

« S’éloigner du sens des mots permet au public de se concentrer sur l’aspect émotionnel. Ils ne comprennent pas le langage mais ils comprennent le message. Je le vois dans leurs yeux quand on est sur scène. »

 

L’intention avant tout

On a beau tendre l’oreille, impossible de capter quoi que ce soit aux textes que Nao interprète avec grâce. Normal, ils sont écrits dans une langue inventée par le duo, le Upaÿ. Un moyen là aussi de se détacher des conventions d’écriture habituelles. « On aime pas trop le concept de limites » résume Nao. « S’éloigner du sens des mots permet au public de se concentrer sur l’aspect émotionnel. Ils ne comprennent pas le langage mais ils comprennent le message. Je le vois dans leurs yeux quand on est sur scène. »

 

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Nao au chant © Nicolas Joly

En cas de doute, l’auditeur peut tout de même s’appuyer sur quelques phrases en anglais, ajoutées à la piste lors du mixage. En particulier des extraits de films et de séries qu’affectionnent les deux musiciens. La présence de Negan, méchant de la série The Walking Dead, par exemple, annonce forcément un son un peu sombre et qui tape dur. Comme le personnage. Un procédé hérité des morceaux de lo-fi que les deux piliers de Aora Paradox apprécient.

 

Du bon pour la suite

Les débuts d’Aora Paradox ont presque l’air prédestinés : deux amis d’enfance aux goûts musicaux et aux caractères complémentaires se retrouvent à former un groupe de façon providentielle. « On était juste posés chez Yo. Il avait déjà commencé à bidouiller avec le logiciel Ableton et on s’est mis à expérimenter des choses comme des voix inversées, s’amuser avec de la reverse », raconte simplement Nao. Ça donne quelques morceaux qu’ils font écouter à leurs proches. Ça leur plaît, ils continuent et décident de se produire sur scène.

 

 

Repérés par le label Hadra et sélectionnés par la Cuvée Grenobloise 2019, les Aora Paradox se préparent à sortir un premier EP. Fini les sons éparpillés sur Soundcloud : place à un projet plus cadré, mais pas uniforme pour autant. « Ça reste très varié. On l’a appelé Polymorphia, car on y a mis pas mal de styles », décrit Yoan. « Il y a un titre un peu summer, un autre plus hip-hop. On s’y retrouve bien », surenchérit Nao.

Deux rendez-vous sont donnés pour écouter les titres avant leur sortie officielle : le 16 mars au bar de la Belle électrique et le 30 à l’Ampérage. Prochaine étape : la réalisation d’un clip. Pour cela, les deux partenaires particuliers ne manquent pas d’idées. On attend de voir ça avec impatience…

 

 


 

 

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