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Ce vendredi 13 avril, le duo de rap grenoblois « Le Contre-Savoir » a sorti son dernier clip « Marine », dans l’attente de la sortie de leur troisième album le mois prochain, « Old School ». Et c’est chaud.

 

« Marine » : le choix de l’humour

 
On se souvient tous du fameux « Marine » chanté par Diam’s à l’époque, lettre personnelle adressée directement à Marine Le Pen. Un morceau assez représentatif de la génération nan-nan qui évoque le sujet du FN avec détresse et sérieux lors de la période post-présidentielles 2002.

Du « Plus jamais ça » des NTM en 1995 au « Front de la Haine » de Keny Arkana en 2011, il faut dire, sans aucune surprise, que le sujet fait en réalité naturellement parti du paysage rap français depuis ses débuts, puisant là une de ses raisons d’exister et redoublant de voix à chaque présidentielle.

Majoritairement abordé avec colère, et ce peu importe le style musical employé (pour le rock, on peut compter « Un jour en France » de Noir Désir en 1995, « Fils de France » de Saez en 2002 ou plus récemment, « Putain si ça revient » des No One is Innoncent) le sujet du FN reste auréolé de dégoût.

 

Monsieur Ju de LCS et sa poupée gonflable alias Marine Le Pen


Rares sont les artistes ayant osé s’exprimer sur un ton plus détaché à propos du FN. Seuls quelques petits délires ont émergés au milieu des punchlines aigries, comme celui de Philippe Katherine avec son « Marine Le Pen » un peu loufoque en 2011. L’humour serait-il donc banni ?

Le Contre-Savoir, lui, a bel et bien décidé de l’utiliser. Et non sans gêne. Noir, graveleux, il ne s’interdit rien : mise en scène surjouée, jeux de mots osés, métaphore sexuelle… On se retrouve ici dans une ambiance fantaisiste et décalée au possible. Un pari risqué ?
 
 

Don’t worry, it’s a joke ?

 
Le clip de Le Contre-Savoir, de toute évidence, ne se prends pas au sérieux. Effronté, il ne présente cependant pas seulement une déclaration d’amour ironique à notre dame politique, mais une invitation sexuelle fictive explicite : « J’ai envie de te bourrer les urnes » en est la plus représentative.

« Si t’aimes les vrais mâles, tu seras ma catin / Je mettrais mon déguisement du maréchal Pétain » : un air vague et lointain de déjà-entendu raisonne à travers ces métaphores sexuelles. Qui n’a jamais entendu ces fameux « J’vais lui faire aimer la France, moi » plein de pseudo-virilité au désir schizo  ?

 

« Toi, et moi, on va raviver la Flamme

Foutre le feu mieux qu’à Oradour-sur-Glane

Et on fera pas de détails de l’Histoire

J’suis chaud comme un dur à four crématoire »

 

« Viens, je vais te faire aimer l’émigration » est l’une de ces paroles faciles que l’on pourrait entendre dans le texte de Sofiane, « Marion Maréchal ».  Le fantasme de se dire que les femmes d’extrême droite n’aurait qu’une envie refoulée, celle d’être convaincue par un superbe chibre métissé. Lol.

Pour autant, avec détachement, le clip n’en est pas moins amusant et bien tourné. Et l’humour peut être ici une arme bien plus efficace que les cris, n’écartant aucune violence dans le propos…

 


 

 

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