De son vrai nom David Litavicki, Bleu Russe expose ses obsessions dans un style électro punk rap, à la sauce underground grenobloise. Avec un 1er EP en 2015 au titre un peu sale, il sort aujourd’hui Pigeon, tranquillement, affichant pourtant une rage toujours aussi incisive et décalée, à la sensibilité hors norme.
 

Parlons d’abord si tu veux bien de ce nom bizarre, « Bleu Russe » qui reste avant toute une race de chats … [wtf] Mais pourquoi donc ?

Je trouve ça cool d’associer le nom d’un truc « mignon » à une musique un peu virulente. Ces deux mots ensemble, c’est chouette. Il y a la chaleur du blues avec la froideur russe, j’aime bien ce paradoxe. Et puis ça sonne bien. Après, mon grand-père était slave, mais ça n’a pas franchement de rapport haha.

 

Je crois que ce projet solo n’est pas ton premier projet musical… Qu’as-tu fais dans d’autres formations ?

Je suis toujours guitariste de Et après ? (rock noise), chanteur et guitariste de Churros bâtiment (death pop). Auparavant j’étais aussi guitariste de As A New Revolt. J’ai aussi un peu joué avec Jull à l’époque de « mouvement diurne ». Encore avant, j’ai joué avec Liga. J’ai fait pas mal de choses dans pas mal d’univers différents.

Aujourd’hui je multiplie un peu les collaborations et j’essaye aussi d’ évoluer en apprenant à faire d’autres choses. Par exemple, j’ai enregistré et mixé un morceau de Lynhood dans son album qui va sortir en février. J’assemble aussi des instrus de rap que j’aurai envie de proposer à divers artistes.

 

Très bien. Mais naturellement on en vient à se demander comment tu en es venu après tout ça à ce projet solo, et pourquoi sous cette forme, aux frontières du rap ? Manquait-il quelque chose auparavant ?

J’ai vraiment ressenti le besoin de m’exprimer de façon très directe à ce moment-là. Pour ça il fallait que je puisse avancer à mon rythme, c’est-à-dire prendre le temps pour gérer les choses qui me font ramer, et inversement pouvoir tracer là où je vais vite, c’est pourquoi j’ai décidé de faire ça tout seul.

Le côté rap, ça n’était pas vraiment prémédité, c’est surtout venu des paroles : il y a pas mal de gros pavés et la forme « parlée » m’a paru la plus naturelle. Toutefois même si j’en écoute énormément, ce n’est pas ma culture première et je ne pense pas qu’on puisse vraiment définir ma musique comme rap, car c’est une culture très codée et je n’ai pas la prétention de lui appartenir.

 

 

Bleu Russe voit donc le jour en 2015 avec un premier EP : Déchire mon Crâne (et gratte ma cervelle avec un coupe-ongle…). Plutôt hard comme titre, période sombre ou gros trip ?

Les deux ! Ces morceaux ont été écrits durant une période de ma vie assez fragile, d’où le ton et le propos. Maintenant, choisir un tel titre c’est essentiellement du cynisme, dans le sens où je trouve ça important de ne pas trop se prendre au sérieux, ne pas tomber dans le pathos. En octobre, un jeune label rennais (Distag), a édité cet EP en K7 dans le cadre d’un split avec  « Déficit Budgétaire », chanteur synth-cold parisien. J’en suis très fier.
 

Quelle évolution penses-tu avoir eu entre cet EP et l’album Pigeon sorti fin décembre 2016 ?

Mon premier EP est uniquement basé sur des boucles de guitares, c’est très minimaliste. Or j’ai rapidement repéré les limites de cette formule, ça m’a rendu un peu cinglé. En concert je me sentais trop à nu, je ne le vivais pas toujours bien. Alors pour ce nouvel album, j’ai élaboré des instru plus riches et plus denses : il y a des batteries électroniques, des basses acoustiques saturées et des basses synthétiques, de la guitare, plein de trucs.

Le rendu est massif, ça facilite la pose de mes grosses tartines de paroles. A partir de là, j’ai pu aussi alimenter l’affirmation de ma voix, mon débit, mon interprétation.

 

 

D’ailleurs, comment le travail de composition s’est-il déroulé ? Sur ta page facebook tu affirmes  « C’est une suite de chansons dans lesquelles je me suis beaucoup vidé, dans lesquelles je me suis fait beaucoup de mal et beaucoup de bien. C’est un peu comme une sorte de psychanalyse FUN. » Pourquoi beaucoup de mal ?

Même si ça reste sujet à diverses interprétations, il y a beaucoup de références très personnelles dans mes paroles, et c’est un travail difficile de sortir ces choses de soi. Autant pour les écrire que pour les chanter. De plus, je ne chante que depuis deux ans et j’ai traversé une période assez pénible de par le fait de m’entendre. Je te promets, quand tu t’entends et que tu trouves ça horrible, tu te fais vraiment du mal !

 
Le titre le plus emblématique des messages que tu souhaites véhiculer selon toi ?

C’est difficile de choisir, mais je dirai « Drac West Coast », pour son propos assez « love » dans l’ensemble.

 
Comment tu définirais ton projet à quelqu’un qui n’a jamais entendu parler de toi ? Ou vu en live ?

A la suite d’un concert à La Casse, une copine m’a dit : « Tu es un peu comme un poète qui fait sa liste de courses ». J’ai beaucoup aimé cette formule.
 
 


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