« Sourires figés, rythmes attractifs, bienséance affichée, violence assumée. » Voilà la description que donne Cheercake de sa propre musique, qui se réclame être le fruit direct d’une société décalée et absurde. Un côté trash-fluo qui ne passe pas inaperçu pour un jeune projet. Rencontre avec Rooj et Flaca pour en savoir un peu plus sur ce duo grenoblois à la petite allure de Die Antwoord, qui a sorti cette année un premier EP à la fois léger et angoissant, « Chirkèke ».

 

Tout d’abord, d’où provient le nom du projet, « Cheercake » ?

[Cheercake] CheerCake est le gâteau des Cheerleaders (pom-pom girl). Il est beau, appétant, lisse et brillant. Métaphore de notre démocratie, il cache une garniture addictive, source d’indolence et d’outrance.

 

Qui sont plus précisément les personnes qui forment ce duo ?

[Cheercake] Nous nous connaissons depuis de nombreuses années. Nous avons déjà eu l’occasion de travailler ensemble.

[Rooj] : J’ai fais partie de plusieurs aventures différentes et riches : Shaâdy, La Cie Aca, Mots paumés trio, Lee Harvey Asphalte, Lillie Stann, des court-métrages, quelques remix et des friandises. Saxophoniste repenti, j’ai préféré la composition dans mon stud. Partir de la feuille blanche et travailler pour les autres. Je suis donc ensuite retourné sur scène avec des machines. Et puis j’avais envie d’autre chose comme expérience avec CheerCake. Le projet est plus personnel cette fois. MPCiste retraité, je suis maintenant un batteur debout. Andréanna est une chanteuse libre et curieuse. Elle est prête à expérimenter. Et puis, elle a une folie maîtrisée dans l’écriture qui donne des angles de vues inédits. J’aime beaucoup sa part d’absurde même si parfois j’ai peur.

 

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Flaca, et Rooj de Cheercake © Thomas Titillon

[Flaca] : J’ai commencé comme chanteuse, de manière autodidacte, dans des groupes aux styles et univers bien divers. Par le biais de rencontres, je me suis orientée vers la composition, la MAO et l’art numérique. J’expérimente à fond et adore utiliser ma voix comme d’un instrument, utiliser des samples made in home ou bidouiller les sons. Chaque nouveau projet est une étape dans laquelle j’aborde soit un nouveau registre vocal soit de nouveaux outils. Quand Rooj m’a fait écouter ses compo, j’ai accroché direct avec ses choix d’instru et son écriture. Je les trouvais organiques voire même cinématographiques. C’est pourquoi nous avons commencé à échanger sur ce que nous regardions en ce moment (je suis accro aux séries..) : Black Mirror.

[Cheercake] : Rien n’est figé mais pour le moment la configuration du groupe est la suivante : Flaca s’occupe de la partie vocale et texte avec un regard sur les arrangements. Rooj, lui apporte les prods et réalise les arrangements. Il oriente aussi les propositions vocales en fonction de ce qui l’inspire.

 

Quelles sont vos influences musicales pour ce projet ?

[Cheercake] : Santigold, Die Antwoord et de manière générale les dystopies qui extrapolent les travers qu’on entraperçoit dans la société contemporaine.

On voulait une écriture musicale assez simple mais lourde, ancrée dans notre époque. Les compos sont donc globalement assez épurées pour mettre en valeur une voix légère voir infantile. Des textures qu’on peut presque toucher avec les doigts et des atmosphères pesantes, anxiogène mais avec le sourire.

 

La musique de Cheercake semble d’ailleurs posséder un assez bon potentiel visuel : des projets de clips ou de courts-métrages seraient-ils en construction ?

[Cheercake] : Notre musique est née d’images mais aussi d’histoires délirantes que nous nous racontons. Vous découvrirez bientôt celle du royaume des Penicorns… La partie visuelle fait alors partie intégrante de notre univers.

On n’a pas d’argent mais on a plein d’idées ! Donc oui la sortie d’un, deux, trois ou quatre clips est en cours de réflexion…Pour commencer, on espère sortir un premier clip courant 2018.

On bosse là-dessus avec Thomas Titillon (Colocarts) qui a réalisé les premiers visuels de CheerCake. On a tout de suite accroché et on compte bien aller encore plus loin ensemble. Donc tout se prépare pour pouvoir se faire plaisir musicalement et visuellement.

 

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Dans la description de votre projet, vous parlez d’absurdité. Peut-on dire que votre musique est née d’un constat politique global et qu’elle peut être assez engagée, ou au contraire, une échappatoire à un système dérangeant ?

[Cheercake] Ni l’un, ni l’autre. On se complaît dans notre marasme. C’est hyper bien l’individualisme. Non ? Nous, on adore !

Nous faisons partie intégrante de ce monde, on patauge comme tout le monde. On explore différentes facettes qui font de nous les humains d’aujourd’hui. Et puis le cynisme est hyper tendance en ce moment et nous va bien au teint.

 

Si vous devez citer une œuvre (tout confondu, du cinéma à la littérature) ressemblant à votre musique, ce serait ..?

L’écriture des textes s’est beaucoup faite autour de discussion sur la série Black Mirror. « Reality Show » parle clairement de l’épisode “White Bear”.

 

 

Ce premier EP, « Chirkèke », est discrètement sorti à la fin de l’été. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur les conditions de cet enregistrement et du projet de cet EP en lui-même ?

Discrètement, discrètement… Tout est relatif. L’autre au jour, à La Bobine, on en a parlé à quelqu’un. Et il avait l’air hyper enthousiaste !

En composant, nous n’avions pas forcément en tête de monter un groupe ni d’aller jouer. L’envie de revenir à une création libérée des contraintes. Donc nous avons pris le temps et auto produit nos premiers titres. On a ensuite fait écouter nos compo, rencontré du monde, fait réaliser les mix par Benny et décidé de sortir notre premier EP.

Nous travaillons à la version scénique maintenant pour le partager sur scène. Des résidences sont prévues en cette fin d’année pour peaufiner notre set.

 

Comment envisagez-vous votre développement sur la scène locale ? Des ! dates sont-elles prévues pour que le public grenoblois vous découvre en live désormais ?

Nous avons tout d’abord en prévision de partager des scènes avec d’autres artistes et on espère pouvoir multiplier les occasions …

 

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