Tandis que le festival Holocène lance le début des hostilités à Grenoble, une soirée sous le signe du rock s’est permise de faire raisonner les murs de la Salle Noire, ce samedi 4 mars 2017 à Grenoble. Bleu Russe, électron libre de la scène locale, assurait la première partie d’un duo plus que déjanté, The Nous. Immersion… 
 

Bleu Russe, seul face à nous

La lumière de la scène s’éteint sous les coups de 21h. Déjà bien obscure, la salle devient pour le coup totalement noire. Bleu Russe apparaît et clique sur son ordi pour lancer ses riffs électro-punk, avant de commencer sa liturgie contre la société, seul, face à nous.

« Javel », « Help my cernes », « Drac West », « Soleil de givre » ou encore « Le doute est viral », les « anciens » titres comme les plus récents de l’album Pigeon débitent sous la faible lumière de la Salle Noire. D’abord timide, Bleu Russe libère progressivement sa gestuelle particulière, promenant sur la salle un regard un peu fou.

D’une présence à la fois détachée et insistante, il évolue dans un espace limité, semblant refléter l’état du gars qui se cogne aux quatre coins de sa cervelle. Celle-ci sera une fois de plus ce soir grattée avec un coupe ongle, comme l’annonce le titre de son premier EP sorti il y a deux ans.

 
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Il gesticule, explique, ordonne, dénonce, se confie surtout. La montée en puissance se fait tranquillement puis, le show se boucle avec « Flaque de stress » : un grand moment où les sonorités propres à l’artiste atteignent un certain paroxysme. Elles font vibrer la salle qui cette fois-ci, n’observe plus mais remue efficacement son fessier.

Ici, il n’y a pas de personnage à jouer, de masque à porter ; il n’y à que du vrai, une mise à nu presque angoissante qui peut expliquer la réserve ressentie au début du concert. Et pourtant, entre la confiance que lui inspire sûrement ses propres mots, cette musique entêtante et cette cannette de bière posée sur l’ordinateur, Bleu Russe a su lâcher ses pensées avec maîtrise sans aucune prétention, laissant des spectateurs juste agréablement surpris.

Si ému il l’a été en précisant brièvement, le visage tremblant, sa joie d’être ici, c’est tout aussi conquis qu’il laisse ses auditeurs.
 

The Nous : perplexité… et plaisir

A la fin du premier show, The Nous est attendu. Et c’était tout simplement improbable. Je me suis soudainement aperçue au bout de vingt minutes de concert que je fronçais les sourcils et écarquillaient les yeux depuis le début.

Très sceptique et mitigé, un homme près de moi a brillamment su résumer mon ressenti et peut être celui de l’ensemble de la foule à cet instant : « Je ne sais pas : soit c’est trop bien pour être nul, soit c’est trop nul pour être bien. » Mon cœur balance.

Une petite révolution à eux tout seuls, ou un duo tombé dans sa propre caricature ? Les regarder et les écouter se rapportaient à livrer un duel sans précédent à l’intérieur de soi : ne suis-je pas capable de saisir ces chemins hors normes, ou en réalité, est-ce vraiment n’importe quoi ?

 
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Holy shit. Avec le charme du plombier grâce à une raie de cul absolument théâtrale, le chanteur peignait des formes ancestrales sur une toile en fond de scène à peu près entre chaque titre. Après s’être battu avec un chien en peluche surgit de nulle part, fait couler sur eux du faux sang pour un aspect d’autant plus « sauvage » et chanter des hymnes au sexe et à l’autodestruction, le duo finira par jouer avec le feu sur scène – au sens littéral, sinon c’est moins drôle- en allumant des flammes un peu partout en criant « Je brûlerai de désir ! ».

Décousu, sans fond ? Artistique, brillant ? Avec un clavier qui partait éminemment en vrille, le meilleur restait cependant cette délicieuse guitare et ces instants plus calmes, où des titres planants nous tombaient dessus sans crier gare et ont pourtant su nous emporter. L’esthétisme du concert dans sa globalité valait tout à fait le coup d’œil elle aussi.

Décalée, frôlant le burlesque parfois, la soirée a su tenir son pari : nous emmener là où nous sommes plus vrais, là où nous sommes … un peu sauvages.
 

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